KröniK | 1349 - Dødskamp (2019)


Si, en France, on imagine mal un musée faire appel à un groupe de black metal pour rendre hommage à un peintre dont il expose les toiles, il n'y a en revanche en Norvège rien de surprenant à voir 1349 être sollicité de la sorte, avec d'autres artistes issus de sphères différentes, pour illustrer en musique un tableau du grand peintre national Edvard Munch. On parle pourtant là d'une pure horde noire qui trimbale l'artillerie lourde, du corpsepaint aux cartouchières, pas de gentils pandas officiant dans le mélo black ni d'un Enslaved qui s'est depuis longtemps émancipé de la chapelle noire. Reste que la vision torturée du monde à laquelle l'auteur du "Cri" demeure identifié semble se prêter de facto à une interprétation sonore extrême. Le "Combat contre la mort" (1915), soit Dødskamp en version originale, a donc inspiré aux Norvégiens un single qui scelle à la fois l'alliance avec Season Of Mist et prépare le terrain avant que le successeur de Massive Cauldron Of Chaos ne débarque enfin au bout de quatre ans de silence. Après une si longue période d'abstinence, nous attendions néanmoins davantage de la part de ces mercenaires du black qu'un EP dont le second des deux titres proposés n'est qu'un live. Mais, faisant suite à une doublette relativement décevante, surtout comparée au mortifère Revelations Of The Black Flame (2009) qui est en quelque sorte à 1349 ce que Ordo Ad Chao est à Mayhem (une œuvre radicale dans sa noirceur évolutive), cette nouvelle saillie rassure quant à une brutale inspiration finalement loin d'être asséchée. En effet, s'intégrant dans un ensemble de quatre titres commandé par le Munch Museum, 'Dødskamp' arbore le visage le plus haineux des Scandinaves, nous rappelant les heures diaboliques de Beyond The Apocalypse ou de Hellfire. Après qu'une guitare vicieuse et une batterie boulimique lui aient écarté les cuisses, le morceau se lance dans une agression déchaînée qu'irriguent tout du long la frappe lourde de Frost et les vocalises écorchées de Ravn.


Le poison glacial s'écoule, captant l'atmosphère funeste de la peinture qui lui sert de combustible. Munch inspire au groupe un titre à la fois mélodique et malsain d'une belliqueuse perfidie. L'exécution scénique de 'Atomic Chapel', prolonge en face B cette fureur aussi crue que reptilienne, réceptacle de ce blizzard fielleux à la norvégienne. Placé sous le sceau d'une violence rampante, Dødskamp est de bon augure pour le septième album à venir, mais outre le fait que deux titres ne constituent qu'une maigre ration, il est cependant permis de regretter que 1349 n’ait pas insisté dans la voie funèbre et définitive empruntée par Revelations Of The Black Flame et dans une moindre mesure, Demonoir… (03.05.2019 | MW) ⍖⍖




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